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DimDamDom
1 février 2006

Double Bind

Le recueil s’est constitué de façon un peu aléatoire. Je voulais écrire quelque chose, ou rendre compte de quelque chose que j’avais ressenti lors de notre dernière soirée ensemble. Ce que j’avais ressenti m’est apparu avec une grande acuité, précisément parce que j’avais déjà vécu cela peu de temps auparavant et que ces impressions avaient sonné le glas d’une histoire. Quelles impressions ? Les non-dits, les mots qui pullulent dans l’air et que personne n’a le courage de saisir… ils vont et viennent au-dessus des têtes des amants, qui n’en sont pourtant pas dupes, mais qui feignent d’ignorer que le temps est venu de dire des choses. La fatigue, à moins que ce ne soit la peur ou bien encore l’orgueil font alors leur travail de sape habituel.
La peur du double bind, la peur de l’ambiguë, de l’exigu. La peur de demander à l’autre de se résigner. La peur de demander.
Le plein et le vide s’annulent. Au-dessus des amants : un espace saturé de signifiants, un chemin qui ne mène nulle part mais que l’on veut pourtant flécher, orienter dans un sens qui nous laissera, le croit-on vraiment, du champ.

Bref, je me suis dit à ce moment là, devant cette peur, devant cette tristesse des liens qui se délitent sans qu’on n’y puisse rien… qu’on y pouvait quelque chose. Peut-être est-ce précisément à ce moment-là que l’on se résigne sans y prendre garde à une fin toute proche ? Et si c’était juste une question de courage que de se mettre à nu, d’accepter l’indécence suprême de l’aveu ?

J’ai donc eu l’idée de commencer un cahier de petits textes que je lui destinerai. J’en avais besoin à ce moment-là et j’ai relu les bribes éparpillées que j’avais écrites et qui manifestaient en définitive un corps vivant et donc plein d’espoir. Et comme j’en avais besoin, comme je n’arrivais plus à lui donner ce que j’avais pu lui donner dans nos rencontres fugaces antérieures, je me suis dit que ça, je pouvais lui donner. Je le pouvais et qu’en plus, ça me rendrait heureuse. Sans complaisance, ou avec la retenue d’en avoir le moins possible, de m’arrêter avant de fléchir dans une logorrhée qui n’est qu’onanisme, qui n’est qu’égoïstement tournée vers l’en dedans et qui n’est, en définitive, que pornographie.
Ces textes sont une réponse à l’absurde. On s’agite, on sait bien au fond que tout le monde cherche la même chose, que tous ces gestes ne sont pas autre chose qu’un désir d’aimer, plus dévorant encore que celui d’être aimé.

Alors voilà, j’ai tissé ma toile, j’ai repris des textes et plus j’avançais, plus j’étais excitée par cette histoire et plus il me semblait lointain… j’avais peur de cette distance qui naissait parce que je m’étais enivrée pendant longtemps de ce que l’écriture anonyme libère comme espace infini et creux.
Finalement, dans tous ces textes, plus j’avançais, plus j’avais l’impression d’effacer une partie de son corps et de venir buter dans un même mouvement sur les murs par lesquels s’était auparavant enclose ma vie.
Alors que j’avais presque fini mon petit travail de receleuse, au lieu de trouver une voie nouvelle, je plongeais encore plus dans la peur. Parce qu’au fond, tout restait absurde. La seule chose qui ne l’était pas, c’aurait été de lui donner ce cahier… même inachevé.

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Commentaires
B
Beau, faux, deuil et compagnie sont la suite de mots venus à ma bouche pourtant muette à la lecture de cette petite mort dont tu m'as déjà fait part en son temps (je signale que l'ordinateur vient de me pêter dans les doigts et que donc ce commentaire est un re- mais pas le même évidemment sauf pour le tout début). J'ai moi-même eu à faire ce week-end le deuil (mais mini) d'une rencontre sans suite et donc sans avoir donné à l'autre à lire ce qui suit :<br /> <br /> La main dans ton dos<br /> je vis<br /> La main dans ton dos <br /> j'appuie et je t'embrasse<br /> La main dans ton dos <br /> je respire<br /> La main dans ton dos <br /> je t'emmène<br /> Et je t'aime<br /> La main dans ton dos <br /> je nous aime<br /> Vois, je sens ta main dans la mienne
DimDamDom
  • Des joies, des histoires gaies ou loufoques, des choses vues et des espoirs tus... quelques amies ont décidé de vous conter leurs aventures ! Pour refaire le monde, pour rire les jours de pluie, pour capter l'improbable, pour inviter à l'insolite...
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