Sexe
La sexualité peut abolir le corps ou le magnifier. Et je ne crois pas que l’élément discriminant de cette alternative ait quelque chose à voir avec l’amour. On pourrait aussi dire que l’amour est une autre histoire ou que cette histoire-là est à réécrire car le mot même est galvaudé et qu’on lui prête trop, ou trop peu.
Mais, lors de ces vacances, pendant ces longues heures de bus, à l’orée de trois frontières, et après une rencontre improbable entre Bolivie et Argentine, me venait à l’esprit cette idée de sexualité régénérante.
… de l’extrême sensibilité qui est mise en jeu et de l’attention maîtrisée envers son plaisir et celui de son partenaire, de l’acceptation complète, définitive de son corps et du corps de l’autre…
Cette sexualité est la volupté même.
La volupté est éclairante sur soi-même parce qu’elle met en partage les flux des corps et ceux de la vie, parce qu’elle fait feu de tout bois : odeurs, pulpes et grains de peau, parasites de la vie, bruits du dehors, lits crasseux, moiteurs et vêtements déchirés, transpirations.
… cette sexualité donc, celle qui réconforte les corps et qui mise sur le voluptueux et jamais sur le sentimentalisme. Celle qui met en avant la sensation au mépris du sentiment.
Je pense qu’il n’y a aucun danger à porter aux nues ces expériences-là de la vie, elles supposent juste un certain décalage d’avec la pensée ordinaire, d’autant qu’elles participent à la creuser davantage.
Et c’est, tout au contraire, de cet amour vide, sans volupté, qu’il faut se méfier et qui, dans ma vie, continue de me poursuivre comme l’image d’un Eldorado dévasté par une catastrophe nucléaire.